Syméon le Nouveau Théologien (949 1022)
Frères et Pères, beaucoup ne cessent de dire – et leurs paroles parviennent à nos oreilles -: « Si nous avions vécu au temps des Apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux. » Ils ignorent qu’il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l’univers. Car s’il n’était pas le même jadis et maintenant, identiquement Dieu à tous égards, par ses opérations et par ses rites, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’Esprit, puisque le Christ dit: Mon Père est à l’œuvre jusqu’à maintenant, et moi aussi je suis à l’œuvre (Jn 5,17)?
Mais quelqu’un dira peut-être: « Ce n’est pas la même chose de l’avoir vu lui-même corporellement, en ce temps-là, ou d’entendre uniquement ses paroles aujourd’hui et recevoir un enseignement sur lui et sur son Royaume. Et je réponds: « La situation actuelle n’est sûrement pas la même que celle d’alors, mais c’est la situation d’aujourd’hui, de maintenant, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l’avoir vu et entendu alors corporellement. »
Alors, en effet, c’était un homme qui apparaissait aux Juifs sans intelligence, un homme d’humble condition; mais maintenant c’est un Dieu véritable qui nous est prêché. Alors, il fréquentait corporellement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, n’ayant jamais été séparé de lui en aucune manière. Nous croyons qu’il nourrit le monde entier et nous disons, si du moins nous sommes croyants, que sans lui rien ne s’est fait. Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant: N’est-il pas le fils de Marie (Mc 13,15) et de Joseph (Lc 4,22), le charpentier (Mt 13,55)? Mais maintenant les rois et les princes l’adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même, et il a glorifié et glorifie ceux qui l’adorent en esprit et en vérité, même s’il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d’argile, il les rend de fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Alors, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d’altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s’est montré totalement homme, en n’offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s’est fatigué; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.
C’était une grande chose de reconnaître et de croire qu’un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel même, la terre et tout ce qu’ils contiennent. C’est pourquoi, lorsque Pierre a dit: Tu es le Fils du Dieu vivant, le Maître l’a déclaré bienheureux en ces termes: Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas: ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela – c’est-à-dire qui te l’ont fait voir et dire – mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16,16-17).
Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n’aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s’il avait été présent, s’il l’avait vu lui-même et entendu prêcher. Il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l’aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l’aurait blasphémé.
Frères et Pères, beaucoup ne cessent de dire – et leurs paroles parviennent à nos oreilles -: « Si nous avions vécu au temps des Apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux. » Ils ignorent qu’il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l’univers. Car s’il n’était pas le même jadis et maintenant, identiquement Dieu à tous égards, par ses opérations et par ses rites, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’Esprit, puisque le Christ dit: Mon Père est à l’œuvre jusqu’à maintenant, et moi aussi je suis à l’œuvre (Jn 5,17)?
Mais quelqu’un dira peut-être: « Ce n’est pas la même chose de l’avoir vu lui-même corporellement, en ce temps-là, ou d’entendre uniquement ses paroles aujourd’hui et recevoir un enseignement sur lui et sur son Royaume. Et je réponds: « La situation actuelle n’est sûrement pas la même que celle d’alors, mais c’est la situation d’aujourd’hui, de maintenant, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l’avoir vu et entendu alors corporellement. »
Alors, en effet, c’était un homme qui apparaissait aux Juifs sans intelligence, un homme d’humble condition; mais maintenant c’est un Dieu véritable qui nous est prêché. Alors, il fréquentait corporellement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, n’ayant jamais été séparé de lui en aucune manière. Nous croyons qu’il nourrit le monde entier et nous disons, si du moins nous sommes croyants, que sans lui rien ne s’est fait. Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant: N’est-il pas le fils de Marie (Mc 13,15) et de Joseph (Lc 4,22), le charpentier (Mt 13,55)? Mais maintenant les rois et les princes l’adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même, et il a glorifié et glorifie ceux qui l’adorent en esprit et en vérité, même s’il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d’argile, il les rend de fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Alors, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d’altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s’est montré totalement homme, en n’offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s’est fatigué; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.
C’était une grande chose de reconnaître et de croire qu’un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel même, la terre et tout ce qu’ils contiennent. C’est pourquoi, lorsque Pierre a dit: Tu es le Fils du Dieu vivant, le Maître l’a déclaré bienheureux en ces termes: Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas: ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela – c’est-à-dire qui te l’ont fait voir et dire – mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16,16-17).
Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n’aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s’il avait été présent, s’il l’avait vu lui-même et entendu prêcher. Il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l’aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l’aurait blasphémé.