Les béatitudes selon Luc
Le verset initial de l’Evangile de ce jour (Lc 6,17) est très solennel et précis : après avoir prié toute la nuit et avoir ensuite choisi ses douze apôtres, le Rédempteur descendit de la montagne dans une plaine et prononça son discours entouré des disciples et de la foule. Une foule venue de partout, jusqu’aux contrées païennes de Tyr et Sidon. La comparaison avec les béatitudes de Matthieu (5,3-12) nous permet de remarquer quelques particularités propres à la narration de Luc, dont la manière de raconter est plus personnelle que celle de Matthieu, et implique directement celui qui écoute (« Bienheureux vous les pauvres »). En outre Luc parle des pauvres, de ceux qui pleurent, des affamés, sans préciser – comme le fait par contre Mathieu – qu’ils sont pauvres en esprit, affamés de justice. A la fin Luc liste trois « malheurs », qui donnent au discours un ton bien plus drastique et radical (6,24-26).
Les prophètes ont décrit le temps messianique comme le temps pendant lequel on prendrait soin des pauvres, des affamés, des persécutés. Jésus proclame que ce temps est arrivé. Pour les prophètes les béatitudes étaient au futur, une espérance : « viendra un temps où les pauvres seront bienheureux ». Pour Jésus c’est le présent : aujourd’hui les pauvres sont bienheureux. Il y a une seule raison, fondamentale : le Messie, le Roi des rois et son Règne est arrivé. C’est à la lumière du Règne arrivé – un Règne qui renverse les valeurs communes – que se justifie le paradoxe de ces paroles de Jésus.
Pendant que Matthieu énumère huit béatitudes, Luc en propose trois qui nous concernent : les pauvres, ceux qui pleurent, les affamés, les persécutés. Partant de la même source Mathieu et Luc nous proposent des textes différents, parce que en fait les évangélistes ne sont pas de simples chroniqueurs, uniquement intéressés à transmettre des faits et des paroles, mais ils sont des témoins. Les paroles de Jésus sont un ferment de vie : l’Eglise primitive les transmet seulement baignées dans son propre contexte (cf. J. Dupont).
Dans la manière de penser et de vivre de Luc, « pauvre » ne veut pas dire simplement celui qui est privé de biens, mais indique la situation du mendiant mis de côté, pauvre à côté des gens riches, dont on se moque : ceux qui pleurent et les affamés sont substantiellement une répétition des pauvres. Plus qu’à des vertus (à l’inverse de Matthieu), Luc semble faire référence à des situations de fait, c’est-à-dire à la multitude des pauvres qui n’ont pas cherché leur pauvreté et qui, par contre, sont appelés à la vivre. La quatrième béatitude (les persécutés) est celle du disciple, de celui qui a choisi de suivre Jésus, se trouvant engagé dans son destin de persécution. Ces explications synthétiques font émerger un jugement sévère sur le monde riche : un jugement qui se renforce si on lit les quatre malheurs : « Malheur à vous les riches, malheur à vous qui êtes repus, malheur à vous qui maintenant riez, malheur à vous qui êtes maintenant applaudis ».
Le Christ nous présente un autre critère de valeurs avec les Béatitudes et les « malheurs ». L’échelle des valeurs qu’Il propose est le principe de l’amour, du don, de la solidarité, de la vie, la valeur d’être enfant de Dieu et d’être frère. Cette échelle est le contraire de l’échelle de valeurs que le monde est en train de suivre avec la violence, la guerre, le meurtre, la mort, le meurtre de la valeur d’être enfant de Dieu, d’être frères et de l’extermination des biens de la terre (et pas seulement des êtres humains)
Le verset initial de l’Evangile de ce jour (Lc 6,17) est très solennel et précis : après avoir prié toute la nuit et avoir ensuite choisi ses douze apôtres, le Rédempteur descendit de la montagne dans une plaine et prononça son discours entouré des disciples et de la foule. Une foule venue de partout, jusqu’aux contrées païennes de Tyr et Sidon. La comparaison avec les béatitudes de Matthieu (5,3-12) nous permet de remarquer quelques particularités propres à la narration de Luc, dont la manière de raconter est plus personnelle que celle de Matthieu, et implique directement celui qui écoute (« Bienheureux vous les pauvres »). En outre Luc parle des pauvres, de ceux qui pleurent, des affamés, sans préciser – comme le fait par contre Mathieu – qu’ils sont pauvres en esprit, affamés de justice. A la fin Luc liste trois « malheurs », qui donnent au discours un ton bien plus drastique et radical (6,24-26).
Les prophètes ont décrit le temps messianique comme le temps pendant lequel on prendrait soin des pauvres, des affamés, des persécutés. Jésus proclame que ce temps est arrivé. Pour les prophètes les béatitudes étaient au futur, une espérance : « viendra un temps où les pauvres seront bienheureux ». Pour Jésus c’est le présent : aujourd’hui les pauvres sont bienheureux. Il y a une seule raison, fondamentale : le Messie, le Roi des rois et son Règne est arrivé. C’est à la lumière du Règne arrivé – un Règne qui renverse les valeurs communes – que se justifie le paradoxe de ces paroles de Jésus.
Pendant que Matthieu énumère huit béatitudes, Luc en propose trois qui nous concernent : les pauvres, ceux qui pleurent, les affamés, les persécutés. Partant de la même source Mathieu et Luc nous proposent des textes différents, parce que en fait les évangélistes ne sont pas de simples chroniqueurs, uniquement intéressés à transmettre des faits et des paroles, mais ils sont des témoins. Les paroles de Jésus sont un ferment de vie : l’Eglise primitive les transmet seulement baignées dans son propre contexte (cf. J. Dupont).
Dans la manière de penser et de vivre de Luc, « pauvre » ne veut pas dire simplement celui qui est privé de biens, mais indique la situation du mendiant mis de côté, pauvre à côté des gens riches, dont on se moque : ceux qui pleurent et les affamés sont substantiellement une répétition des pauvres. Plus qu’à des vertus (à l’inverse de Matthieu), Luc semble faire référence à des situations de fait, c’est-à-dire à la multitude des pauvres qui n’ont pas cherché leur pauvreté et qui, par contre, sont appelés à la vivre. La quatrième béatitude (les persécutés) est celle du disciple, de celui qui a choisi de suivre Jésus, se trouvant engagé dans son destin de persécution. Ces explications synthétiques font émerger un jugement sévère sur le monde riche : un jugement qui se renforce si on lit les quatre malheurs : « Malheur à vous les riches, malheur à vous qui êtes repus, malheur à vous qui maintenant riez, malheur à vous qui êtes maintenant applaudis ».
Le Christ nous présente un autre critère de valeurs avec les Béatitudes et les « malheurs ». L’échelle des valeurs qu’Il propose est le principe de l’amour, du don, de la solidarité, de la vie, la valeur d’être enfant de Dieu et d’être frère. Cette échelle est le contraire de l’échelle de valeurs que le monde est en train de suivre avec la violence, la guerre, le meurtre, la mort, le meurtre de la valeur d’être enfant de Dieu, d’être frères et de l’extermination des biens de la terre (et pas seulement des êtres humains)