Judas...mon frère

Judas...mon frère

Evangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu ( 26, 14-25 )

20 Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze.
21 Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. »
22 Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? »
23 Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer.
24 Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
25 Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

Lettre du Cardinal Etchegaray à Judas

Le cardinal Etchegaray a eu l’idée un jour d’écrire à judas Je retiens de sa longue lettre ces quelques mots :
« J’ai hésité à t’écrire, par crainte d’être mal compris autour de moi. Je suppose que, chaque année à l’occasion de la semaine sainte, tu dois être accablé de lettres d’injures. L’Evangile, il est vrai, n’est pas tendre pour toi. Jean te traite de « voleur » et Jésus lui-même va jusqu’à dire qu’ »il aurait mieux valu pour toi que tu ne sois pas né ».
Si je t’écris, c’est tout simplement parce que tu demeures mon frère et que je ne parviens pas à percer ton énigme…
« N’as-tu pas été surtout victime de ta solitude ? Tu n’as pas eu la chance de Pierre qui, après son triple reniement, rencontra le regard de jésus pour pleurer amèrement. Tu n’as pas entendu le chant du coq, personne ne t’a aidé à pleurer. Tu étais seul et « il faisait nuit » ou plutôt Satan était entré en toi et tu n’as pas pu t’accommoder de ce compagnon terrible… Mais pauvre Judas, dans ta solitude glaciale, pourquoi n’as-tu pas laissé résonner en toi le dernier mot que Jésus t’a adressé, le mot confiant du premier jour, le mot poignant qui pouvait déchirer les ténèbres de ton désespoir : « Mon ami » Entends-tu encore ce mot « mon ami » ?...
Toi qui as voulu t’arracher à ta propre existence pour te pendre à un arbre, ignorais-tu qu’en tombant entre les mains de Dieu tu devenais la proie de son Amour infini?
Je pense à la pièce de théâtre que Pagnol t’a consacrée et où, à la question lancinante « Judas est-il en enfer ? » il fait répondre le Christ lui-même : « Je ne peux pas répondre à votre question… sinon les gens finiraient par abuser de mon indulgence ! »


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