Les martyrs d’Algérie nos frères
Evangile selon St Jean 14, 1-6
01 Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
02 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
03 Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
04 Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »
05 Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
06 Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Jésus vient d’annoncer à ses amis sa passion et sa mort : il veut les rassurer en leur disant qu’il est le chemin, la vérité et la vie
La date du 8 Mai a été choisie pour célébrer les 19 bienheureux martyrs d’Algérie assassinés pour leur foi en 1996 ; parmi eux il y avait des religieuses, des prêtres, des moines et un évêque. Ils avaient choisi de rester en Algérie malgré le danger : au fond, Ils ont tous suivi, le Christ qui est « le chemin la vérité et la vie » comme le dit Jésus à Thomas dans l’Evangile de ce jour. Je vous propose aujourd’hui de relire et de méditer 2 de leurs témoignages
1 – Celui du Père Christian de Chergé prieur des moines de Tibhirine
Christian de Chergé, a raconté comment il avait essayé d'accompagner un musulman dans sa démarche de prière. Comme il lui consacrait trop peu de temps à ses yeux, celui-ci le rappela un jour à l'ordre en lui disant: « Il y a longtemps que nous n'avons pas creusé notre puits ! Plus tard, Christian lui demanda, histoire de plaisanter: « Et au fond de notre puits, qu'est-ce que nous allons trouver ? De l'eau musulmane ou de l'eau chrétienne ? » L'autre fut presque choqué par l'interrogation: « Tu poses encore cette question? Tu sais, au fond de ce puits-là, ce qu'on trouve, c'est l'eau de Dieu. » Le puits et son eau sont disponibles pour tous ceux qui creusent leur désir. Mais le puits est aussi intérieur, et il n'est pas trop de toute une vie pour en descendre les marches et passer de l'ordre de la loi à l'ordre de la grâce, du régime de l'obligation au régime de la gratuité. Non pas en prenant possession, mais en lâchant prise. Avons-nous perdu le goût de l'eau vive "
2 – Et celui de Mgr Claverie
« Le maître mot de ma foi est aujourd’hui le dialogue ; non par tactique ou par opportunisme, mais parce que le dialogue est constitutif de la relation de Dieu aux hommes et des hommes entre eux », écrit Pierre Claverie qui avait en horreur le dialogue superficiel, de convenance. Le vrai dialogue, à ses yeux, est exigeant, il suppose de reconnaître l’altérité de l’autre et de vouloir s’enrichir de nos différences. Et il ajoutait : « Au carrefour de ces incertitudes, nous voilà plantés sans autre boussole que celle de l'espérance. Cette espérance ne nous arrache pas aux douloureux cheminements que nous parcourons, avec tous nos frères humains. Elle ne nous donne pas de certitudes faciles mais seulement la conviction que, de la croix de Jésus-Christ, a jailli la lumière d'une résurrection possible et offerte à ceux et celles qui accueillent sa parole et son esprit. Partageant ces incertitudes, ...nous sommes placés, avec le Christ, sur le chemin de la croix qui est aussi celui de notre foi et celui de la vie. »
C’est ce qu’il appelait « le martyre blanc » : « Le martyre blanc, c’est ce qu’on essaie de vivre chaque jour, c’est-à-dire ce don de sa vie goutte à goutte dans un regard, une présence, un sourire, une attention, un service, un travail, dans toutes ces choses qui font qu’un peu de vie qui nous habite est partagée, donnée, livrée. C’est là que la disponibilité et l’abandon tiennent lieu de martyre, d’immolation. Ne pas retenir sa vie. »