Le silence avant l'oraison de la messe

Après le Gloria, ou s’il n’y en a pas, juste après l’acte pénitentiel, la prière prend une forme particulière à travers l’oraison que l’on appelle « collecte », par laquelle on exprime le caractère particulier de la célébration, variable selon le jour et le moment de l’année (cf. ibid., n. 54). Par l’invitation « prions », le prêtre appelle les fidèles à se recueillir avec lui dans un moment de silence, afin de prendre conscience de la présence de Dieu et de faire monter dans le cœur de chacun les intentions personnelles qu’il apporte avec lui à la messe . Le prêtre dit « prions » ; et vient ensuite un moment de silence, où chacun pense à ce dont il a besoin, à ce qu’il veut demander dans la prière.
Le silence ne se limite pas à une absence de paroles, mais consiste plutôt en une disposition à écouter d’autres voix : celle de notre cœur et, par-dessus tout, la voix de l’Esprit Saint. Dans la liturgie, la nature de ce silence sacré dépend du moment où il intervient : « pendant l’acte pénitentiel et après l´invitation à prier, chacun se recueille ; après une lecture ou l’homélie, on médite brièvement ce qu´on a entendu ; après la communion, le silence permet la louange et la prière intérieure » (ibid., n. 45). Avant la prière d’ouverture, le silence aide donc à se recueillir en soi-même et à se demander pourquoi nous sommes là. D’où l’importance d’écouter son cœur afin de l’ouvrir au Seigneur. Peut-être sommes-nous dans un jour de fatigue, de joie ou de douleur, et nous voulons le dire au Seigneur. Invoquer son aide, lui demander d’être à nos côtés ; nous avons de la famille et des amis malades ou qui traversent des épreuves difficiles ; nous souhaitons confier à Dieu le sort de l’Église et du monde. C’est à cela que sert ce bref temps de silence avant que le prêtre, recueillant les intentions de chacun, n’exprime à voix haute, au nom de tous, la prière commune qui termine les rites d’introduction, en faisant justement cette « collecte » des intentions de chacun. Je recommande vivement aux prêtres d’observer ce moment de silence et de ne pas aller trop vite : « Prions », puis laisser un temps de silence. Je le recommande aux prêtres. Sans ce silence, nous risquons de gêner le recueillement de l’âme.
Le prêtre récite cette supplique, cette prière d’ouverture (collecte). Il le fait les bras ouverts, attitude de prière adoptée par les chrétiens depuis les premiers siècles – comme en témoignent les fresques des catacombes romaines – à l’image du Christ les bras ouverts sur le bois de la croix. Et à cet instant, le Christ est à la fois celui qui prie et la prière elle-même ! Nous reconnaissons dans le Crucifié le prêtre qui offre à Dieu le culte qui lui est dû, dans l’obéissance filiale.
Dans le rite romain, les prières sont courtes mais riches de sens : ces prières peuvent être l’occasion de si belles méditations. Si belles ! Méditer ces textes, également en dehors de la messe, peut nous aider à apprendre comment se tourner vers Dieu, que lui demander, quelles paroles utiliser. Que la liturgie devienne pour nous tous une véritable école de prière !

Pape François

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